lundi 12 mars 2018

Thème : Les royaumes du Soudan Central

Thème : Les royaumes du Soudan Central
Introduction
L'histoire du Soudan est marquée par l'influence militaire et culturelle de ses voisins, dont l'Égypte, la péninsule Arabique, l'Éthiopie, les deux Congo (République du Congo et République démocratique du Congo) et le Tchad ainsi que, plus récemment, du Royaume-Uni et des États-Unis. Avec la désertification du Sahara plusieurs peuples se déplacent vers le Soudan central et le lac Tchad. Ils vont construire de nombreux royaumes: Le Kanem, les Etats haoussa.
I.                    Le Kanem-Bornou

1.      Les origines de l’empire
Les récits légendaires, que corrobore l'histoire, font remonter l'empire bornouan à l'ancien royaume du Kanem qui se forma dans les régions nord et nord-est du Tchad. Comme de nombreux peuples d'Afrique occidentale (les Yoruba, les Peuls du Fouta-Djalon), les Kanouri se donnent une origine yéménite. Un homme venu du Yémen, du nom de Sef, aurait été le fondateur de la dynastie royale, la Sefuwa Magumi, qui régna jusqu'au milieu du XIXe siècle. Les faits infirment une telle théorie. Alors que l'islam ne se propagea au Kanem que dans le courant du XIe siècle, c'est en effet dès le IXe qu'au sein du clan Magumi le lignage Sefuwa réussit à imposer son autorité aux autres clans. Le royaume atteint son apogée aux XIe et XIIe siècles. Sous l'impulsion de Dunama (1097-1150), une série de conquêtes militaires aboutit à un élargissement territorial. Vers 1200, l'État kanémien englobe le Kanem, le Bornou, le Kaouar et le Djado, et contrôle étroitement le Sahara oriental jusqu'à Mourzouk, le Borkou, le Fitri, atteignant les royaumes Haoussa à l'ouest. Le roi (maï), établi dans sa capitale à Njimi, au Kanem, est assisté d'un conseil comprenant.
2.      Le premier empire : le Kanem
C'est le premier royaume créé à l'Est du lac Tchad au 11es. Il est dominé par la dynastie de Sefawad. Au début du 13e siècle le Maï Dounoma. Diblalem qui va conquérir plusieurs territoires et crée un vaste empire qui s'étendra jusqu'au Fezzan au Nord, à Bornou à l'Ouest, à Ouaddaï à l'Est. Cet empire deviendra prospère, doté d'une armée puissante et d'une économie florissante. Les divisions religieuses et politiques, les révoltes des Boulala et les attaques des Arabes vont entraîner le déclin de l'empire au 15e. L'ordre fut cependant rétabli à la fin du 15es par le Maï, Ali Ghadji Déni.
3.      Le second empire : le bornou
Au 15es, les Sefawad abandonnent le pouvoir du Kanem et s'installent dans le Bornou à l'Est du lac Tchad. Ils fondent un nouvel empire qui sera organisé par le Maï ALI. Après lui Idris II Alaoma agrandira le territoire et annexera de nouveau, le Kanem Bornou devra sa prospérité économique au commerce transsaharien et aux mines. Il entretiendra des relations diplomatiques avec les pays du Nord et du moyen orient. Le climat et les longues distances exposeront les pays aux attaques des voisins qui le diviseront en plusieurs petits royaumes. A la fin du 19es il tombera en déclin.
II.                  Les Cités-Etats Haoussas

1.      Les origines
Tout le Nord-Ouest du Nigeria est habité par les Haoussa (Haoussaoua) ou Afno, qui ont fondé vers le XIIe siècle, dans l'espace compris entre le pays Songhaï et le Bornou, sept petits Etats (Biram, Daoura, Kano, Gober, Katséna, Rano et Zaria, selon la tradition), auxquels d'autres se sont ajoutés ensuite. Au début du XIXe siècle, le pays est passé sous la domination des Toucouleurs et s'est confondu avec ce qu'on a appelé l'empire de Sokoto. L'empire de Sokoto s'étendait dans la région du Soudan limitée au Nord par le Sahara, à l'Est par le Bornou, au Sud par l'Adamaoua et le Noupé, à l'Est par le Gando.
2.      L’apparition des Cités-Etat
Les Etats haoussa semblent avoir été tributaires les uns des autres tours à tour, sans qu'aucun ait jamais eu sur l'ensemble une prééminence véritable. C'étaient le Gober ou royaume de Tessaoua, devenu célèbre au XVIe siècle par ses tissus de coton et ses chaussures de cuir; le royaume de Kano, dont la capitale était déjà populeuse au temps de Léon l'Africain et réputée pour son enceinte imposante, ainsi que pour son commerce et son industrie; celui de Katséna, renommé pour sa richesse agricole et sa puissance militaire; celui de Zegzeg ou Zaria, dont on a toujours vanté la prospérité commerciale et dont on raconte qu'il aurait autrefois, grâce à l'énergie d'une femme qui en était la souveraine, étendu son autorité sur tous les pays haoussa; d'autres encore, notamment les royaumes de Zinder, du Zanfara, du Kontagora, du Baoutchi, etc. Il semble que ces divers États, qui prospéraient grâce à la razzia d'esclaves qu'ils vendaient  aux marchands arabes de Katséna et de Kano,  furent réunis au XVe siècle sous l'autorité des kanta ou rois du Kebbi, pays situé au Sud-Ouest de Sokoto et à l'Ouest de Gando, dont les habitants seraient issus d'un mélange de Songhaï et de Haoussa. Vers l'an 1500 régnait un kanta qui passait pour être maître de Katséna, de Kano, de Zaria, du Gober et du Zanfara et étendre son pouvoir jusque sur l'Aïr. 
Le sultan du Bornou, Ali, qui venait de s'installer à Gassaro, à l'Ouest du Tchad,  voulut mettre fin à l'extension grandissante du Kebbi et vint attaquer le kanta dans sa résidence de Sourami; après un siège sans résultat, il dut se retirer. Le roi du Kebbi le poursuivit, l'atteignit à l'Est de Katséna et mit son armée en déroute; mais, comme il revenait sur ses pas, il fut attaqué par les gens de Katséna révoltés, reçut une flèche et mourut de sa blessure. Son successeur fit alliance en 1513 avec le souverain du Songhaï, l'askia Mohammed, qui l'aida à reprendre Katséna et, en 1515,  poussa, jusqu'à Agadès. Craignant de voir ses États passer sous la suzeraineté de Gao, le kanta rompit le traité d'alliance. En 1517, il infligea une défaite complète à l'armée que l'askia avait envoyée contre lui et rétablit l'autorité propre du Kebbi sur Katséna et l'ensemble des pays haoussa. Mais,  vers l'an 1600, les rois du Gober et du Zanfara s'unirent à celui de l'Aïr contre le kanta qui vivait alors, le vainquirent, détruisirent ses trois villes principales (Goungou, Sourami et Liki) et libérèrent le Haoussa du joug du Kebbi.
3.      Les Haoussas et le monde extérieur
Les maisons haoussa sont connues dans le monde entier, grâce au renouveau de l’intérêt pour les constructions en terre crue, avec les décorations de leurs façades, peintes en bas-relief, les typiques ornements qui se profilent en haut, contre le ciel, comme des merleaux, à forme de "oreilles de lapin" (mais le nom localement attribué, zanko, signifie "crête"). "Oreilles de lapin" posées aux coins des corniches, qui ont été interprétées comme des symboles d'épées ou des symboles phalliques. Le désordre des maisons à l'intérieur de ces villes avait une raison défensive: l'étranger se perdait facilement et l'intrus tombait en piège. Une telle conception défensive existait aussi dans les villes européennes du Moyen âge et se retrouve en différentes parties du continente africain. Les maisons typiques, à cour centrale, entourent le centre urbain, constitué généralement par le grand palais royal, la mosquée et le marché. Des passages pour les piétons, étroits et en chicane, traversent les quartiers, flanqués par des murailles de terre. À l'entrée de chaque maison on trouve un local "filtre", appelé zaure, destiné à recevoir les visiteurs. L’on ne peut pas voir l'intérieur de la maison, pour garder l'intimité de la famille. Les façades sont décorées par des bas-reliefs géométriques, souvent richement coloriés. D'habitude seulement la façade autour de la porte principale est décorée, mais les propriétaires plus riches se permettaient de décorer tout l’extérieur de la maison et parfois même les murs internes avec des arabesques coloriées. Les décors rassemblent à ceux des broderies. 
III.                Les Cités Yoroubas et le royaume du Bénin

1.      Le Bas-Niger
Le commerce fut la source de l’émergence de communautés organisées au nord du pays, recouvert par la savane. Les habitants préhistoriques de la lisière du désert s’étaient trouvés largement dispersés au IVe millénaire av. J.-C., lorsque la dessiccation du Sahara commença. Des routes commerciales transsahariennes reliaient l’ouest du Soudan à la Méditerranée depuis l’époque de Carthage, et au Nil supérieur depuis des temps bien plus reculés. Ces voies de communication et d’échanges culturels subsistèrent jusqu’à la fin du XIVe siècle. C’est par ces mêmes routes que l’islam se répandit en Afrique de l'Ouest à partir du IXe siècle.
Une lignée d’États dynastiques, dont les premiers États Haoussa, s’étirèrent à travers l’ouest et le centre du Soudan. Les plus puissants parmi ces États furent l’empire du Ghana l’empire de Gao et le royaume de Kanem, qui se trouvaient à l’extérieur des frontières actuelles du Nigeria mais qui en ont subi l’influence. Bien que ces empires n’aient que peu d’influence politique sur le Nigeria avant 1500, leur impact culturel et économique fut considérable et se renforça au XVe siècle au fur et à mesure que l’islam se répandit.
2.      Les Etats Yoroubas
La civilisation Yoruba (Yorouba) est une civilisation urbaine composée de cités-Etats, partageant une langue et une religion (riche panthéon, sociétés secrètes, sacrifices humains) communes, et qui se signale par un commerce et un artisanat florissants. Selon leur tradition, les Yoruba ont pour ancêtre Oduduwa, d'ascendance divine, et qui aurait vécu au VIe siècle à Ifé. La très ancienne et prestigieuse cité d'Ifé reste ainsi la ville sainte où réside l'Oni (chef religieux). Même si la capitale  politique des Yoruba sera Oyo. Elle est le siège de l'Alafin (chef politique), et de l'Ogboni (un sénat qui détient les vrais pouvoirs et est composé de notables et de représentants de différentes corporations  organisées en guildes).
Une politique de conquêtes qui débute vers 1575  permettra aux Yoruba d'affirmer leur domination  sur les royaumes du Dahomey et, dans un contexte particulier, au XVIIIe siècle, du Bénin. Les Cités-Etats yoruba connaissent leur apogée au XVIIIe siècle.  Plus de cinquante villes de plus de 20 000 habitants sont dénombrées par un voyageur. Chaque ville est gouvernée par un Oba et un sénat fonctionnant selon les mêmes principes que celui d'Oyo. Des dissensions internes vont cependant conduire à un affaiblissement au début du XIXe siècle. La cité-Etat d'llorin (Nord), est prise par les Peuls en 1821, qui s'empareront également du Vieux-Oyo en 1837. La côte, enfin, sera occupée par les Britanniques vers 1851. Ceux-ci imposent leur domination aux cités d'Abéokouta.
3.      Le royaume du Bénin
La culture du Bénin est d'une certaine façon la jumelle de celle des Yoruba, notamment par sa religion et son organisation politique. Son art lui-même semble dérivé de celui d'Ifé.  L'art du bronze et celui de l'ivoire  y ont fleuri d'une façon remarquable; certains bronzes du Bénin des XVe et XVIe siècles, que l'on peut voir aujourd'hui dans les musées des Pays-Bas, d'Allemagne et d'Angleterre et dans des collections privées, sont dignes de rivaliser avec les produits analogues de plusieurs civilisations renommées. Le Bénin a aussi été un État puissant et redouté. L'histoire de ce royaume remonte au XIIIe siècle, avec la  fondation par les Edo (= Bini) de leurs premières cités-Etats  dans le delta du Niger : Eko (l'actuelle Lagos), Calabar, etc. Mais l'importance du pays s'est surtout affirmée à partir de l'arrivée des Portugais, en 1472. Le contact avec les Européens placera le Bénin au centre de la traite esclavagiste, et son histoire sera durablement indissociable de ce commerce. 
Tout le littoral du Bénin, qui a fourni à l'Amérique des centaines de milliers et peut-être des millions d'esclaves (d'où le nom de côte des Esclaves, donné à sa partie occidentale) a été le dernier refuge des négriers; ils y engageaient leurs vaisseaux au milieu des lagunes et des rivières, échappant facilement à la surveillance et à la poursuite des navires de guerre anglais ou français, qui craignaient les brisants et le défaut de profondeur des eaux. Après l'abolition de la traite (1815, en principe), et jusqu'en 1885, les Portugais se livraient encore en ces parages à ce trafic lucratif. Après la suppression du commerce des esclaves, le littoral occidental du golfe de Bénin, riche en huile de palme, en café, arachides, etc., n'a pas perdu de son animation. Il restait  quelques points où se fait un commerce notable : Odi, escale, Artigeri, clairière au milieu de la forêt qui borde la mer et où des milliers de personnes tenaient un grand marché tous les neuf jours, Mahin que les Allemands avaient un instant revendiqué, mais dont ils ont restituèrent rapidement le protectorat à l'Angleterre, Fish-Town, Obobi et Salt-Town à l'embouchure de la rivière Bénin.
Conclusion

La partie nord du territoire du Soudan moderne est connue jusqu’au XVIe siècle sous le nom de Nubie. En revanche, l’histoire du Soudan méridional demeure obscure jusqu’au XIXe siècle. Faisant suite à une riche civilisation néolithique née des contacts avec un Sahara en voie de désertification, les principautés apparues dès le milieu du IVe millénaire avant notre ère donnent naissance au royaume de Kerma (environ 2500-1500 av. J.-C.). Ce dernier entretient d’étroits contacts avec l’Égypte, qui l’évoque sous le nom de Koush et lance parfois des expéditions contre lui. Des monuments et vestiges archéologiques (deffutas de Kerma), situés dans la région comprise entre le désert de Nubie et le Nil témoignent aujourd’hui d’une civilisation originale. De 1500 à 1075 environ, l’Égypte du nouvel Empire exerce une grande influence sur le pays. La région reprend ensuite son indépendance et une dynastie nubienne fonde une principauté autour de Napata. Au VIIIe siècle av. J.-C., le roi de Koush annexe l’Égypte et se proclame pharaon. Renversée en 671 av. J.-C. par les Assyriens, la dynastie Koushite se replie à Napata, puis à Méroé, plus au nord et moins soumis à l’accentuation de la désertification. Vers 350 av. J.-C., le royaume éthiopien d’Aksoum conquiert la Nubie. À l’ancien royaume de Méroé succèdent, à partir du VIe siècle de notre ère, de petits royaumes chrétiens qui subsistent jusqu’au début du XVIe siècle.

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