Thème : Les royaumes du Soudan
Central
Introduction
L'histoire du Soudan est
marquée par l'influence militaire et culturelle de ses voisins, dont l'Égypte,
la péninsule Arabique, l'Éthiopie, les deux Congo (République du Congo et République
démocratique du Congo)
et le Tchad ainsi
que, plus récemment, du Royaume-Uni et des États-Unis. Avec la désertification
du Sahara plusieurs peuples se déplacent vers le Soudan central et le lac
Tchad. Ils vont construire de nombreux royaumes: Le Kanem, les Etats
haoussa.
I.
Le
Kanem-Bornou
1.
Les
origines de l’empire
Les récits légendaires, que corrobore
l'histoire, font remonter l'empire bornouan à l'ancien royaume du Kanem qui se
forma dans les régions nord et nord-est du Tchad. Comme de nombreux peuples d'Afrique occidentale (les Yoruba, les
Peuls du Fouta-Djalon), les Kanouri se donnent une origine yéménite. Un homme
venu du Yémen, du nom de Sef, aurait été le fondateur de la dynastie royale, la
Sefuwa Magumi, qui régna jusqu'au milieu du XIXe siècle. Les faits infirment
une telle théorie. Alors que l'islam ne se propagea au Kanem que dans
le courant du XIe siècle, c'est en effet dès le IXe qu'au
sein du clan Magumi le lignage Sefuwa réussit à imposer son autorité aux autres
clans. Le royaume atteint son apogée
aux XIe et XIIe siècles. Sous l'impulsion de Dunama
(1097-1150), une série de conquêtes militaires aboutit à un élargissement
territorial. Vers 1200, l'État kanémien englobe le Kanem, le Bornou, le Kaouar
et le Djado, et contrôle étroitement le Sahara oriental jusqu'à Mourzouk, le
Borkou, le Fitri, atteignant les royaumes Haoussa à l'ouest. Le roi (maï),
établi dans sa capitale à Njimi, au Kanem, est assisté d'un conseil comprenant.
2.
Le
premier empire : le Kanem
C'est le premier royaume créé à l'Est
du lac Tchad au 11es. Il est dominé par la dynastie de Sefawad. Au début du
13e siècle le Maï Dounoma. Diblalem qui va conquérir plusieurs
territoires et crée un vaste empire qui s'étendra jusqu'au Fezzan au Nord, à
Bornou à l'Ouest, à Ouaddaï à l'Est. Cet empire deviendra prospère, doté d'une
armée puissante et d'une économie florissante. Les divisions religieuses et
politiques, les révoltes des Boulala et les attaques des Arabes vont entraîner
le déclin de l'empire au 15e. L'ordre fut cependant rétabli à la fin du
15es par le Maï, Ali Ghadji Déni.
3.
Le
second empire : le bornou
Au 15es, les Sefawad abandonnent le
pouvoir du Kanem et s'installent dans le Bornou à l'Est du lac Tchad. Ils
fondent un nouvel empire qui sera organisé par le Maï ALI. Après lui Idris
II Alaoma agrandira le territoire et annexera de nouveau, le Kanem Bornou
devra sa prospérité économique au commerce transsaharien et aux mines. Il
entretiendra des relations diplomatiques avec les pays du Nord et du moyen
orient. Le climat et les longues distances exposeront les pays aux attaques des
voisins qui le diviseront en plusieurs petits royaumes. A la fin du 19es il
tombera en déclin.
II.
Les
Cités-Etats Haoussas
1.
Les
origines
Tout le Nord-Ouest du Nigeria est
habité par les Haoussa (Haoussaoua) ou Afno, qui ont fondé vers
le XIIe siècle, dans l'espace compris entre le pays Songhaï et le
Bornou, sept petits Etats (Biram, Daoura,
Kano, Gober, Katséna, Rano et Zaria, selon la tradition), auxquels d'autres se
sont ajoutés ensuite. Au début du XIXe siècle, le pays est passé sous
la domination des Toucouleurs et s'est confondu avec ce qu'on a appelé l'empire de
Sokoto. L'empire de Sokoto s'étendait dans la région du Soudan limitée au Nord
par le Sahara, à l'Est par le Bornou, au Sud par l'Adamaoua et le Noupé, à
l'Est par le Gando.
2.
L’apparition
des Cités-Etat
Les Etats haoussa semblent avoir été
tributaires les uns des autres tours à tour, sans qu'aucun ait jamais eu sur
l'ensemble une prééminence véritable. C'étaient le Gober ou royaume de
Tessaoua, devenu célèbre au XVIe siècle par ses tissus de coton
et ses chaussures de cuir; le royaume de Kano, dont la capitale était déjà
populeuse au temps de Léon l'Africain et réputée pour son enceinte imposante, ainsi que pour
son commerce et son industrie; celui de Katséna, renommé pour sa richesse
agricole et sa puissance militaire; celui de Zegzeg ou Zaria, dont on a
toujours vanté la prospérité commerciale et dont on raconte qu'il aurait
autrefois, grâce à l'énergie d'une femme qui en était la souveraine, étendu son
autorité sur tous les pays haoussa; d'autres encore, notamment les royaumes de
Zinder, du Zanfara, du Kontagora, du Baoutchi, etc. Il semble que ces divers
États, qui prospéraient grâce à la razzia d'esclaves qu'ils vendaient aux
marchands arabes de Katséna et de Kano, furent réunis
au XVe siècle sous l'autorité des kanta ou rois du
Kebbi, pays situé au Sud-Ouest de Sokoto et à l'Ouest de Gando, dont les
habitants seraient issus d'un mélange de Songhaï et de Haoussa. Vers
l'an 1500 régnait un kanta qui passait pour être maître de Katséna,
de Kano, de Zaria, du Gober et du Zanfara et étendre son pouvoir jusque sur
l'Aïr.
Le sultan du Bornou, Ali, qui venait de
s'installer à Gassaro, à l'Ouest du Tchad, voulut mettre fin à
l'extension grandissante du Kebbi et vint attaquer le kanta dans sa résidence
de Sourami; après un siège sans résultat, il dut se retirer. Le roi du Kebbi le
poursuivit, l'atteignit à l'Est de Katséna et mit son armée en déroute; mais,
comme il revenait sur ses pas, il fut attaqué par les gens de Katséna révoltés,
reçut une flèche et mourut de sa blessure. Son successeur fit alliance
en 1513 avec le souverain du Songhaï, l'askia Mohammed, qui l'aida à
reprendre Katséna et, en 1515, poussa, jusqu'à Agadès. Craignant de
voir ses États passer sous la suzeraineté de Gao, le kanta rompit le traité
d'alliance. En 1517, il infligea une défaite complète à l'armée que
l'askia avait envoyée contre lui et rétablit l'autorité propre du Kebbi sur
Katséna et l'ensemble des pays haoussa. Mais, vers l'an 1600, les
rois du Gober et du Zanfara s'unirent à celui de l'Aïr contre le kanta qui
vivait alors, le vainquirent, détruisirent ses trois villes principales
(Goungou, Sourami et Liki) et libérèrent le Haoussa du joug du Kebbi.
3.
Les
Haoussas et le monde extérieur
Les maisons haoussa sont connues dans
le monde entier, grâce au renouveau de l’intérêt pour les constructions en
terre crue, avec les décorations de leurs façades, peintes en bas-relief, les
typiques ornements qui se profilent en haut, contre le ciel, comme des
merleaux, à forme de "oreilles de lapin" (mais le nom localement
attribué, zanko, signifie "crête"). "Oreilles de
lapin" posées aux coins des corniches, qui ont été interprétées comme des
symboles d'épées ou des symboles phalliques. Le désordre des maisons à
l'intérieur de ces villes avait une raison défensive: l'étranger se perdait
facilement et l'intrus tombait en piège. Une telle conception défensive
existait aussi dans les villes européennes du Moyen âge et se retrouve en
différentes parties du continente africain. Les maisons typiques, à cour
centrale, entourent le centre urbain, constitué généralement par le grand
palais royal, la mosquée et le marché. Des passages pour les piétons, étroits
et en chicane, traversent les quartiers, flanqués par des murailles de terre. À
l'entrée de chaque maison on trouve un local "filtre",
appelé zaure, destiné à recevoir les visiteurs. L’on ne peut pas voir
l'intérieur de la maison, pour garder l'intimité de la famille. Les façades
sont décorées par des bas-reliefs géométriques, souvent richement coloriés. D'habitude
seulement la façade autour de la porte principale est décorée, mais les
propriétaires plus riches se permettaient de décorer tout l’extérieur de la
maison et parfois même les murs internes avec des arabesques coloriées. Les
décors rassemblent à ceux des broderies.
III.
Les
Cités Yoroubas et le royaume du Bénin
1.
Le
Bas-Niger
Le commerce fut la source de
l’émergence de communautés organisées au nord du pays, recouvert par la savane.
Les habitants préhistoriques de la lisière du désert s’étaient trouvés
largement dispersés au IVe millénaire av. J.-C., lorsque la
dessiccation du Sahara commença. Des routes commerciales
transsahariennes reliaient l’ouest du Soudan à la Méditerranée depuis l’époque de Carthage, et au Nil supérieur
depuis des temps bien plus reculés. Ces voies de communication et d’échanges
culturels subsistèrent jusqu’à la fin du XIVe siècle. C’est par ces
mêmes routes que l’islam se répandit en Afrique
de l'Ouest à
partir du IXe siècle.
Une lignée d’États dynastiques, dont
les premiers États Haoussa, s’étirèrent à travers l’ouest et le centre du
Soudan. Les plus puissants parmi ces États furent l’empire du Ghana l’empire de Gao et le royaume de Kanem, qui se trouvaient à l’extérieur des
frontières actuelles du Nigeria mais qui en ont subi l’influence. Bien que ces
empires n’aient que peu d’influence politique sur le Nigeria avant 1500,
leur impact culturel et économique fut considérable et se renforça au
XVe siècle au fur et à mesure que l’islam se répandit.
2.
Les
Etats Yoroubas
La civilisation Yoruba (Yorouba) est
une civilisation urbaine composée de cités-Etats, partageant une langue et une
religion (riche panthéon, sociétés secrètes, sacrifices humains) communes, et
qui se signale par un commerce et un artisanat florissants. Selon leur
tradition, les Yoruba ont pour ancêtre Oduduwa, d'ascendance divine, et qui
aurait vécu au VIe siècle à Ifé. La très ancienne et
prestigieuse cité d'Ifé reste ainsi la ville sainte où réside l'Oni (chef
religieux). Même si la capitale politique des Yoruba sera Oyo. Elle est
le siège de l'Alafin (chef politique), et de l'Ogboni (un sénat qui détient les
vrais pouvoirs et est composé de notables et de représentants de différentes
corporations organisées en guildes).
Une politique de conquêtes qui
débute vers 1575 permettra aux Yoruba d'affirmer leur
domination sur les royaumes du Dahomey et, dans un contexte particulier,
au XVIIIe siècle, du Bénin. Les Cités-Etats yoruba connaissent
leur apogée au XVIIIe siècle. Plus de cinquante villes de plus
de 20 000 habitants sont dénombrées par un voyageur. Chaque ville est gouvernée
par un Oba et un sénat fonctionnant selon les mêmes principes que celui d'Oyo.
Des dissensions internes vont cependant conduire à un affaiblissement au début
du XIXe siècle. La cité-Etat d'llorin (Nord), est prise par les Peuls
en 1821, qui s'empareront également du Vieux-Oyo en 1837. La
côte, enfin, sera occupée par les Britanniques vers 1851. Ceux-ci imposent
leur domination aux cités d'Abéokouta.
3.
Le
royaume du Bénin
La culture du Bénin est d'une certaine
façon la jumelle de celle des Yoruba, notamment par sa religion et son
organisation politique. Son art lui-même semble dérivé de celui d'Ifé.
L'art du bronze et celui de l'ivoire y ont fleuri d'une façon
remarquable; certains bronzes du Bénin
des XVe et XVIe siècles, que l'on peut voir aujourd'hui
dans les musées des Pays-Bas, d'Allemagne et d'Angleterre et dans des
collections privées, sont dignes de rivaliser avec les produits analogues de plusieurs
civilisations renommées. Le Bénin a aussi été un État puissant et redouté.
L'histoire de ce royaume remonte au XIIIe siècle, avec la
fondation par les Edo (= Bini) de leurs premières cités-Etats dans le
delta du Niger : Eko (l'actuelle Lagos), Calabar, etc. Mais l'importance du
pays s'est surtout affirmée à partir de l'arrivée des Portugais, en 1472.
Le contact avec les Européens placera le Bénin au centre de la traite
esclavagiste, et son histoire sera durablement indissociable de ce commerce.
Tout le littoral du Bénin, qui a fourni
à l'Amérique des centaines de milliers et peut-être des millions d'esclaves
(d'où le nom de côte des Esclaves, donné à sa partie occidentale) a été le
dernier refuge des négriers; ils y engageaient leurs vaisseaux au milieu des
lagunes et des rivières, échappant facilement à la surveillance et à la
poursuite des navires de guerre anglais ou français, qui craignaient les
brisants et le défaut de profondeur des eaux. Après l'abolition de la traite
(1815, en principe), et jusqu'en 1885, les Portugais se livraient encore
en ces parages à ce trafic lucratif. Après la suppression du commerce des
esclaves, le littoral occidental du golfe de Bénin, riche en huile de palme, en
café, arachides, etc., n'a pas perdu de son animation. Il restait
quelques points où se fait un commerce notable : Odi, escale, Artigeri,
clairière au milieu de la forêt qui borde la mer et où des milliers de
personnes tenaient un grand marché tous les neuf jours, Mahin que les Allemands
avaient un instant revendiqué, mais dont ils ont restituèrent rapidement le
protectorat à l'Angleterre, Fish-Town, Obobi et Salt-Town à l'embouchure de la
rivière Bénin.
Conclusion
La partie nord du territoire du Soudan
moderne est connue jusqu’au XVIe siècle sous le nom de Nubie. En
revanche, l’histoire du Soudan méridional demeure obscure
jusqu’au XIXe siècle. Faisant suite à une riche civilisation
néolithique née des contacts avec un Sahara en voie de désertification, les
principautés apparues dès le milieu du IVe millénaire avant notre ère
donnent naissance au royaume de Kerma (environ 2500-1500 av. J.-C.).
Ce dernier entretient d’étroits contacts avec l’Égypte, qui l’évoque sous le
nom de Koush et lance parfois des expéditions contre lui. Des monuments et vestiges
archéologiques (deffutas de Kerma), situés dans la région comprise entre
le désert de Nubie et le Nil témoignent aujourd’hui d’une civilisation
originale. De 1500 à 1075 environ, l’Égypte du nouvel Empire exerce une grande
influence sur le pays. La région reprend ensuite son indépendance et une
dynastie nubienne fonde une principauté autour de Napata.
Au VIIIe siècle av. J.-C., le roi de Koush annexe l’Égypte et se
proclame pharaon. Renversée en 671 av. J.-C. par les Assyriens, la
dynastie Koushite se replie à Napata, puis à Méroé, plus au nord et moins
soumis à l’accentuation de la désertification. Vers 350 av. J.-C., le
royaume éthiopien d’Aksoum conquiert la Nubie. À l’ancien royaume de Méroé
succèdent, à partir du VIe siècle de notre ère, de petits royaumes chrétiens
qui subsistent jusqu’au début du XVIe siècle.
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