Thème :
La première guerre mondiale
Introduction
La Première
Guerre mondiale est un conflit militaire impliquant
dans un premier temps les puissances européennes et
s'étendant ensuite à plusieurs continents de 1914 à 19181 (bien
qu'ayant diplomatiquement perduré jusqu'en 1923 pour
les pays concernés par le traité de Lausanne, le dernier à
avoir été signé, le 24 juillet 1923). Considérée comme un des événements
marquants du XXe siècle, cette guerre parfois qualifiée
de totale a atteint une échelle et
une intensité inconnues jusqu'alors. Elle a impliqué plus de soldats,
provoqué plus de morts et causé plus de destructions que toute autre guerre
antérieure. Plus de soixante millions de soldats y ont pris part. Pendant cette
guerre, environ dix millions de civils et militaires sont morts et environ
vingt millions ont été blessés.
D'autres événements
survenus pendant cette période : le génocide arménien (1915-1916),
la Révolution russe (1917)
et la grippe de 1918 ont augmenté la
mortalité et la détresse des populations. Pour toutes ces raisons, cette époque
a marqué profondément ceux qui l'ont vécue. Cette guerre entraîna de nombreux
changements géopolitiques qui
ont profondément modifié le cours du XXe siècle.
I.
L’impact de la révolution russe sur la
première guerre mondiale
La Russie tsariste
s'est engagée dans la guerre en 1914 avec l'espoir de faire diversion aux
difficultés internes d'un régime de plus en plus contesté, et d'effacer les
déboires de la guerre russo-japonaise de 1905. L'expansionnisme russe stoppé en
Extrême-Orient, entendait bien se redéployer en direction des Balkans où la
Russie se présentait comme la protectrice des Slaves orthodoxes face à l'Empire
austro-hongrois, et en direction des Détroits qui contrôlaient l'accès de la
Mer noire à la Méditerranée. En réalité, la guerre a précipité la chute du
tsarisme et ouvert la voie à deux révolutions qui ont abouti à la signature d'une
paix séparée avec l'Allemagne et à la naissance d'une nouvelle Russie, la
Russie bolchevique.
1. Le
régime tsariste et la guerre
a)
La
Russie dans la crise de l'été 1914
Au départ, la crise
austro-serbe déclenchée en juin 1914 par l'attentat de Sarajevo, n'avait
débouché que sur un conflit limité à l'Autriche-Hongrie et à la Serbie. A
la faveur de cette crise, la Russie tsariste entendait bien, en se portant au
secours de la Serbie, s'opposer à l'influence austro-hongroise dans les Balkans
dont l'axe d'expansion vers la Méditerranée venait recouper celui de
l'impérialisme russe panslave. Confortée par l'alliance franco-russe réaffirmée
à l'occasion du voyage en Russie du président de la République, Raymond
Poincaré, le 20 juillet 1914, la Russie a décrété dès le 30 juillet une
mobilisation générale à laquelle l'Allemagne s'est empressée de riposter en lui
déclarant la guerre. En Russie et à Saint-Pétersbourg la capitale, rebaptisée
Petrograd, cette guerre, voulue par le régime tsariste, devait rallier l'opposition
et unir le peuple derrière le tsar, Nicolas II, face au vieux rival germanique
dans un réflexe patriotique d'union sacrée.
b)
Les
revers militaires et l'enlisement dans la guerre
En août 1914, La
Russie a mobilisé plus de 10 millions d'hommes, mais le « rouleau
compresseur » russe sur lequel le commandement français avait fondé
beaucoup d'espoirs s'est avéré illusoire. En réalité la Russie ne parvint à
acheminer que 7 millions d'hommes sur le front et seulement 1 million en
première ligne. Les armées russes mal équipées, mal armées, mal préparées, mal
commandées, constituées essentiellement de paysans peu motivés au combat, ont
été battues par les Allemands dès le 30 août 1914 à Tannenberg. En 1915, le
front était percé de toutes parts ; la Pologne et la Lituanie étaient
occupées par les Allemands qui atteignaient la Berezina. Les armées russes
avaient subi d'énormes pertes : 1 million de morts, 900 000
prisonniers, de très nombreux blessés. C'était la fin de l'illusion d'une
guerre courte et facile, l'enlisement dans une guerre longue, totale, que la
Russie n'avait pas les moyens d'assumer.
c)
La
chute du régime tsariste
Toutes les tentatives
russes pour reprendre l’offensive, en particulier celle qui a été menée par le
général Broussilov dans les Carpates en 1916, ont échoué. Les troupes russes
étaient démoralisées ; les désertions se multipliaient. La situation
économique du pays était catastrophique : effondrement de la production
agricole ; pénurie et rationnement ; manque de combustibles ;
flambée des prix ; transports désorganisés. Les tensions sociales se
multipliaient : colère dans les queues devant les magasins ;
manifestations ; grèves. Sur le plan politique, l'union sacrée se
disloquait ; les intrigues enflaient ; un complot envisageait de
destituer le tsar au profit de son fils qui aurait été placé sous la régence du
Grand-duc Michel ; le moine Raspoutine, très influent à la cour, était
assassiné. La crise politique, économique et sociale qui s'amplifiait
confortait les dirigeants bolcheviques qui avaient refusé l'union sacrée en
1914 et participé en 1915 à la conférence pacifiste de Zimmerwald en Suisse,
dans leur volonté de transformer la guerre qu'ils qualifiaient d'impérialiste
en guerre révolutionnaire. L'incapacité du régime tsariste à gagner la
guerre dans laquelle il avait engagé la Russie a finalement entraîné sa chute.
2. Les
révolutions russes entre la guerre et la paix
a.
Les
hésitations du gouvernement provisoire
La Révolution de
février 1917 qui a renversé le régime tsariste de Nicolas II a débouché sur
l'instauration d'un double pouvoir : celui du gouvernement provisoire
contrôlé par des modérés, et celui du Soviet de Petrograd où les Bolcheviks de
retour en Russie étaient de plus en plus influents. Le gouvernement provisoire
décida de maintenir en place l'état-major tsariste, de maintenir les alliances
nouées par le régime tsariste et de continuer de combattre aux côtés des pays
de l'Entente. Le Soviet de Petrograd quant à lui appela à « une paix
blanche ». Lénine à la tête du parti bolchevique exigeait dans les
« Thèse d'avril », l'arrêt immédiat de la guerre par la fraternisation
des soldats sur le front. Le gouvernement provisoire poursuivit la guerre, mais
s'avéra incapable de lancer une contre-offensive ; les troupes allemandes
avançaient sur le territoire russe ; les désertions se multipliaient au sein
des armées russes. En mai 1917, sous la pression des soviets, le gouvernement
provisoire a proposé de réunir une conférence internationale à Stockholm pour y
discuter du principe d'« une paix sans annexion, ni contribution »,
mais ce fut un échec.
Le gouvernement
provisoire présidé par Kerenski se trouva affaibli par le coup d'état militaire
déclenché par le général Kornilov, que seuls les syndicats et les soviets
parvinrent à briser.
b.
Les
Bolcheviks et la paix séparée avec l'Allemagne
Les Bolcheviks
devenus majoritaires au Soviet de Petrograd déclenchèrent une insurrection
armée qui chassa le gouvernement provisoire. Le pouvoir bolchevique issu de la
Révolution d'octobre 1917 promulgua immédiatement un décret sur la paix qui
dénonçait les accords secrets signés par le régime tsariste et confirmés par le
gouvernement provisoire, et sollicita un armistice avec la volonté d'aboutir à
« une paix démocratique et juste sans annexoion ni contribution ». Le
15 décembre 1917, un armistice suspendait les hostilités entre la Russie et
l'Allemagne. La négociation d'une paix avec l'Allemagne fit l'objet d'un débat
contradictoire parmi les dirigeants bolcheviques.
c.
L'intervention
des pays de l'Entente en Russie
Dès le printemps
1918, les pays de l'Entente décidèrent de faire le blocus de la Russie et
d'envoyer des troupes combattre aux côtés des Armées blanches contre l'Armée rouge
organisée par Trotski. Cette intervention avait pour objectif de punir les Bolcheviks
d'avoir signé un traité de paix séparé, de maintenir un front en Russie, mais
aussi de préserver les intérêts économiques des pays intervenants menacés par
la collectivisation et de tuer dans l'œuf la révolution bolchevique avant
qu'elle ne se propage à d'autres pays d'Europe. Par cette intervention dont les
motivations idéologiques et économiques prirent rapidement le pas sur les
considérations militaires, les Allemands devenaient des alliés objectifs des
pays de l'Entente face aux Bolcheviks, tandis que de son côté la révolution
bolchevique s'exportait en Allemagne avec l'insurrection spartakiste. Bien
qu'elle ait finalement échoué, cette intervention a néanmoins contribué à
prolonger la guerre civile et à pousser le pouvoir bolchevique à radicaliser
les mesures de collectivisation et de répression prises dans le cadre du
communisme de guerre.
I.
La fin du conflit mondiale
1. Fin
des combats (1918)
Début 1918, les
Alliés perdent un front avec la sortie du conflit de la Russie. La Russie bolchevique signe
le traité de
Brest-Litovsk en mars 1918.
L’Allemagne reçoit un « train d'or » (le contenu de celui-ci est confisqué
à l’Allemagne par le traité de Versailles), occupe
la Pologne,
l’Ukraine,
la Finlande,
les Pays baltes et une partie de la Biélorussie.
Les Allemands profitent aussi de cette défection pour envoyer d’importants
renforts sur le front Ouest et tenter d’obtenir une victoire rapide avant
l’arrivée effective des Américains. C’est le « retour de la guerre de
mouvement ». Le haut commandement allemand (maréchal Hindenburg et quartier
maître général Erich Ludendorff)
sait qu’il dispose d’un délai de quelques mois jusqu’à juin-juillet 1918 pour
remporter une victoire décisive sur les troupes alliées. Renforcés par les
troupes venant du front est, et souhaitant forcer la décision avant l’arrivée
des troupes américaines, les Allemands mettent toutes leurs forces dans
d’ultimes offensives à l’ouest et lancent une série de coups de boutoir contre
les Anglais, particulièrement éprouvés depuis Passchendaele.
L'effort porte sur la
jonction des fronts anglais et français : le Grand État-Major allemand
connait la mésentente entre Haig et Pétain et veut en jouer. Il s’en faut de
peu que les lignes anglaises ne soient emportées lors de l’offensive du 21
mars, dans la région de Saint-Quentin.
Pour résister, les Anglais prélèvent des troupes sur le front des Flandres, ce
qui amène l'armée belge à étendre son front. Le 17 avril, le général Wilson
propose, en conséquence, de reculer le front des Flandres sur une ligne plus
courte, ce qui priverait l'armée belge d'une partie de territoire national qui
lui reste. Le roi des Belges s'y oppose de même que le généralissime des armées
alliées Foch. Les Belges parviendront
d'ailleurs à repousser une offensive allemande à Merkem, tandis qu'il faut toute l'autorité
de Clemenceau pour amener le
général Fayolle à intervenir
dans la zone de l'armée britannique et sauver celle-ci. Par contre, une
offensive enfonce les Français, le 27 mai, au Chemin des Dames et
amène l’armée allemande à la hauteur de Reims et de Soissons, après une avancée
de 60 kilomètres.
2. Derniers
mouvements et armistices
À compter de cette
date, l’armée allemande n’est plus jamais en mesure d’engager une action
offensive, l’initiative étant désormais dans le seul camp des Alliés qui vont
engager dans les mois suivants des contre-attaques permettant de regagner le
terrain perdu au cours du printemps 1918 puis des contre-offensives majeures.
La grande offensive victorieuse a lieu le 8 août 1918. Les soldats
canadiens, soutenus par les Australiens, les Français et les Britanniques,
lancent une attaque en Picardie et enfoncent
les lignes allemandes. Plus au sud, les soldats américains et français se
lancent aussi dans l'offensive Meuse-Argonne, victorieuse.
Pour la première fois, des milliers de soldats allemands se rendent sans
combat. Les troupes allemandes ne peuvent résister aux armées alliées
maintenant coordonnées par le général Foch.
Symbole de l'effondrement du moral des troupes allemandes, le général
allemand Ludendorff, qualifie le 8 Août
de « jour de deuil de l'armée allemande ». L’armistice est demandé
par les Bulgares le 29 septembre. L’armée turque est anéantie par les Anglais
lors de la bataille de Megiddo. Les généraux
allemands, conscients de la défaite de l’Allemagne à terme, ne songent plus
qu’à hâter la conclusion de l’armistice.
Les Autrichiens,
menacés d'encerclement, reculent sur toute la ligne du front. Le 3 novembre,
les Italiens prennent les villes de Trente et
de Trieste.
En Allemagne, l'empereur Guillaume II refuse d’abdiquer, ce qui entraîne des
manifestations en faveur de la paix. Le 3 novembre, des mutineries éclatent à Kiel :
les marins refusent de livrer une bataille « pour l’honneur ». La vague révolutionnaire gagne
toute l’Allemagne. Le 9 novembre, Guillaume II est contraint d’abdiquer.
L'état-major demande que soit signé l'armistice. Le gouvernement de la nouvelle
République allemande le signe alors dans la forêt de Compiègne à côté de Rethondes le 11 novembre 1918 dans
le train du maréchal Foch alors
que les troupes canadiennes lancent la dernière offensive de la guerre en
attaquant Mons,
en Belgique.
Conclusion
Les dirigeants
bolcheviques ne sont pas parvenus à transformer la guerre déclenchée en 1914 en
une révolution mondiale. La guerre extérieure dont ils ont retiré la Russie au
début de 1918, s'est prolongée par une guerre civile meurtrière qui n'a pris
fin qu'en 1920. Le nouvel Etat soviétique né de la Révolution d'octobre
1917 est finalement sorti victorieux de cette guerre civile, mais il héritait
d'une situation catastrophique dans tous les domaines et d'un territoire très
largement amputé par rapport à ce qu'avait été l'Empire tsariste auquel il se
substituait désormais.
Epuisé, à bout de
forces, il était contraint de signer en 1921 avec la Pologne reconstituée, le
traité de paix de Riga qui repoussait de 150 kilomètres à l'Est au profit de la
Pologne, la frontière russo-polonaise établie en 1918 sous le nom de ligne
Curzon. Par ce traité, il concédait à la Pologne des territoires peuplés de
Biélorusses et d'Ukrainiens que Staline s'empressera de récupérer en septembre
1939 conformément aux clauses secrètes du pacte germano-soviétique.
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