lundi 12 mars 2018

Thème : La première guerre mondiale

Thème : La première guerre mondiale

Introduction

La Première Guerre mondiale est un conflit militaire impliquant dans un premier temps les puissances européennes et s'étendant ensuite à plusieurs continents de 1914 à 19181 (bien qu'ayant diplomatiquement perduré jusqu'en 1923 pour les pays concernés par le traité de Lausanne, le dernier à avoir été signé, le 24 juillet 1923). Considérée comme un des événements marquants du XXe siècle, cette guerre parfois qualifiée de totale a atteint une échelle et une intensité inconnues jusqu'alors. Elle a impliqué plus de soldats, provoqué plus de morts et causé plus de destructions que toute autre guerre antérieure. Plus de soixante millions de soldats y ont pris part. Pendant cette guerre, environ dix millions de civils et militaires sont morts et environ vingt millions ont été blessés.
D'autres événements survenus pendant cette période : le génocide arménien (1915-1916), la Révolution russe (1917) et la grippe de 1918 ont augmenté la mortalité et la détresse des populations. Pour toutes ces raisons, cette époque a marqué profondément ceux qui l'ont vécue. Cette guerre entraîna de nombreux changements géopolitiques qui ont profondément modifié le cours du XXe siècle.

I.                    L’impact de la révolution russe sur la première guerre mondiale

La Russie tsariste s'est engagée dans la guerre en 1914 avec l'espoir de faire diversion aux difficultés internes d'un régime de plus en plus contesté, et d'effacer les déboires de la guerre russo-japonaise de 1905. L'expansionnisme russe stoppé en Extrême-Orient, entendait bien se redéployer en direction des Balkans où la Russie se présentait comme la protectrice des Slaves orthodoxes face à l'Empire austro-hongrois, et en direction des Détroits qui contrôlaient l'accès de la Mer noire à la Méditerranée. En réalité, la guerre a précipité la chute du tsarisme et ouvert la voie à deux révolutions qui ont abouti à la signature d'une paix séparée avec l'Allemagne et à la naissance d'une nouvelle Russie, la Russie bolchevique.

1.      Le régime tsariste et la guerre

a)      La Russie dans la crise de l'été 1914 

Au départ, la crise austro-serbe déclenchée en juin 1914 par l'attentat de Sarajevo, n'avait débouché que sur un conflit limité à l'Autriche-Hongrie et à la Serbie. A la faveur de cette crise, la Russie tsariste entendait bien, en se portant au secours de la Serbie, s'opposer à l'influence austro-hongroise dans les Balkans dont l'axe d'expansion vers la Méditerranée venait recouper celui de l'impérialisme russe panslave. Confortée par l'alliance franco-russe réaffirmée à l'occasion du voyage en Russie du président de la République, Raymond Poincaré, le 20 juillet 1914, la Russie a décrété dès le 30 juillet une mobilisation générale à laquelle l'Allemagne s'est empressée de riposter en lui déclarant la guerre. En Russie et à Saint-Pétersbourg la capitale, rebaptisée Petrograd, cette guerre, voulue par le régime tsariste, devait rallier l'opposition et unir le peuple derrière le tsar, Nicolas II, face au vieux rival germanique dans un réflexe patriotique d'union sacrée.

b)      Les revers militaires et l'enlisement dans la guerre

En août 1914, La Russie a mobilisé plus de 10 millions d'hommes, mais le « rouleau compresseur » russe sur lequel le commandement français avait fondé beaucoup d'espoirs s'est avéré illusoire. En réalité la Russie ne parvint à acheminer que 7 millions d'hommes sur le front et seulement 1 million en première ligne. Les armées russes mal équipées, mal armées, mal préparées, mal commandées, constituées essentiellement de paysans peu motivés au combat, ont été battues par les Allemands dès le 30 août 1914 à Tannenberg. En 1915, le front était percé de toutes parts ; la Pologne et la Lituanie étaient occupées par les Allemands qui atteignaient la Berezina. Les armées russes avaient subi d'énormes pertes : 1 million de morts, 900 000 prisonniers, de très nombreux blessés. C'était la fin de l'illusion d'une guerre courte et facile, l'enlisement dans une guerre longue, totale, que la Russie n'avait pas les moyens d'assumer.

c)      La chute du régime tsariste

Toutes les tentatives russes pour reprendre l’offensive, en particulier celle qui a été menée par le général Broussilov dans les Carpates en 1916, ont échoué. Les troupes russes étaient démoralisées ; les désertions se multipliaient. La situation économique du pays était catastrophique : effondrement de la production agricole ; pénurie et rationnement ; manque de combustibles ; flambée des prix ; transports désorganisés. Les tensions sociales se multipliaient : colère dans les queues devant les magasins ; manifestations ; grèves. Sur le plan politique, l'union sacrée se disloquait ; les intrigues enflaient ; un complot envisageait de destituer le tsar au profit de son fils qui aurait été placé sous la régence du Grand-duc Michel ; le moine Raspoutine, très influent à la cour, était assassiné. La crise politique, économique et sociale qui s'amplifiait confortait les dirigeants bolcheviques qui avaient refusé l'union sacrée en 1914 et participé en 1915 à la conférence pacifiste de Zimmerwald en Suisse, dans leur volonté de transformer la guerre qu'ils qualifiaient d'impérialiste en guerre révolutionnaire. L'incapacité du régime tsariste à gagner la guerre dans laquelle il avait engagé la Russie a finalement entraîné sa chute.

2.      Les révolutions russes entre la guerre et la paix

a.      Les hésitations du gouvernement provisoire
La Révolution de février 1917 qui a renversé le régime tsariste de Nicolas II a débouché sur l'instauration d'un double pouvoir : celui du gouvernement provisoire contrôlé par des modérés, et celui du Soviet de Petrograd où les Bolcheviks de retour en Russie étaient de plus en plus influents. Le gouvernement provisoire décida de maintenir en place l'état-major tsariste, de maintenir les alliances nouées par le régime tsariste et de continuer de combattre aux côtés des pays de l'Entente. Le Soviet de Petrograd quant à lui appela à « une paix blanche ». Lénine à la tête du parti bolchevique exigeait dans les « Thèse d'avril », l'arrêt immédiat de la guerre par la fraternisation des soldats sur le front. Le gouvernement provisoire poursuivit la guerre, mais s'avéra incapable de lancer une contre-offensive ; les troupes allemandes avançaient sur le territoire russe ; les désertions se multipliaient au sein des armées russes. En mai 1917, sous la pression des soviets, le gouvernement provisoire a proposé de réunir une conférence internationale à Stockholm pour y discuter du principe d'« une paix sans annexion, ni contribution », mais ce fut un échec.
Le gouvernement provisoire présidé par Kerenski se trouva affaibli par le coup d'état militaire déclenché par le général Kornilov, que seuls les syndicats et les soviets parvinrent à briser.

b.      Les Bolcheviks et la paix séparée avec l'Allemagne

Les Bolcheviks devenus majoritaires au Soviet de Petrograd déclenchèrent une insurrection armée qui chassa le gouvernement provisoire. Le pouvoir bolchevique issu de la Révolution d'octobre 1917 promulgua immédiatement un décret sur la paix qui dénonçait les accords secrets signés par le régime tsariste et confirmés par le gouvernement provisoire, et sollicita un armistice avec la volonté d'aboutir à « une paix démocratique et juste sans annexoion ni contribution ». Le 15 décembre 1917, un armistice suspendait les hostilités entre la Russie et l'Allemagne. La négociation d'une paix avec l'Allemagne fit l'objet d'un débat contradictoire parmi les dirigeants bolcheviques.

c.       L'intervention des pays de l'Entente en Russie

Dès le printemps 1918, les pays de l'Entente décidèrent de faire le blocus de la Russie et d'envoyer des troupes combattre aux côtés des Armées blanches contre l'Armée rouge organisée par Trotski. Cette intervention avait pour objectif de punir les Bolcheviks d'avoir signé un traité de paix séparé, de maintenir un front en Russie, mais aussi de préserver les intérêts économiques des pays intervenants menacés par la collectivisation et de tuer dans l'œuf la révolution bolchevique avant qu'elle ne se propage à d'autres pays d'Europe. Par cette intervention dont les motivations idéologiques et économiques prirent rapidement le pas sur les considérations militaires, les Allemands devenaient des alliés objectifs des pays de l'Entente face aux Bolcheviks, tandis que de son côté la révolution bolchevique s'exportait en Allemagne avec l'insurrection spartakiste. Bien qu'elle ait finalement échoué, cette intervention a néanmoins contribué à prolonger la guerre civile et à pousser le pouvoir bolchevique à radicaliser les mesures de collectivisation et de répression prises dans le cadre du communisme de guerre.

I.                    La fin du conflit mondiale

1.      Fin des combats (1918)

Début 1918, les Alliés perdent un front avec la sortie du conflit de la Russie. La Russie bolchevique signe le traité de Brest-Litovsk en mars 1918. L’Allemagne reçoit un « train d'or » (le contenu de celui-ci est confisqué à l’Allemagne par le traité de Versailles), occupe la Pologne, l’Ukraine, la Finlande, les Pays baltes et une partie de la Biélorussie. Les Allemands profitent aussi de cette défection pour envoyer d’importants renforts sur le front Ouest et tenter d’obtenir une victoire rapide avant l’arrivée effective des Américains. C’est le « retour de la guerre de mouvement ». Le haut commandement allemand (maréchal Hindenburg et quartier maître général Erich Ludendorff) sait qu’il dispose d’un délai de quelques mois jusqu’à juin-juillet 1918 pour remporter une victoire décisive sur les troupes alliées. Renforcés par les troupes venant du front est, et souhaitant forcer la décision avant l’arrivée des troupes américaines, les Allemands mettent toutes leurs forces dans d’ultimes offensives à l’ouest et lancent une série de coups de boutoir contre les Anglais, particulièrement éprouvés depuis Passchendaele.
L'effort porte sur la jonction des fronts anglais et français : le Grand État-Major allemand connait la mésentente entre Haig et Pétain et veut en jouer. Il s’en faut de peu que les lignes anglaises ne soient emportées lors de l’offensive du 21 mars, dans la région de Saint-Quentin. Pour résister, les Anglais prélèvent des troupes sur le front des Flandres, ce qui amène l'armée belge à étendre son front. Le 17 avril, le général Wilson propose, en conséquence, de reculer le front des Flandres sur une ligne plus courte, ce qui priverait l'armée belge d'une partie de territoire national qui lui reste. Le roi des Belges s'y oppose de même que le généralissime des armées alliées Foch. Les Belges parviendront d'ailleurs à repousser une offensive allemande à Merkem, tandis qu'il faut toute l'autorité de Clemenceau pour amener le général Fayolle à intervenir dans la zone de l'armée britannique et sauver celle-ci. Par contre, une offensive enfonce les Français, le 27 mai, au Chemin des Dames et amène l’armée allemande à la hauteur de Reims et de Soissons, après une avancée de 60 kilomètres.

2.      Derniers mouvements et armistices

À compter de cette date, l’armée allemande n’est plus jamais en mesure d’engager une action offensive, l’initiative étant désormais dans le seul camp des Alliés qui vont engager dans les mois suivants des contre-attaques permettant de regagner le terrain perdu au cours du printemps 1918 puis des contre-offensives majeures. La grande offensive victorieuse a lieu le 8 août 1918. Les soldats canadiens, soutenus par les Australiens, les Français et les Britanniques, lancent une attaque en Picardie et enfoncent les lignes allemandes. Plus au sud, les soldats américains et français se lancent aussi dans l'offensive Meuse-Argonne, victorieuse. Pour la première fois, des milliers de soldats allemands se rendent sans combat. Les troupes allemandes ne peuvent résister aux armées alliées maintenant coordonnées par le général Foch. Symbole de l'effondrement du moral des troupes allemandes, le général allemand Ludendorff, qualifie le 8 Août de « jour de deuil de l'armée allemande ». L’armistice est demandé par les Bulgares le 29 septembre. L’armée turque est anéantie par les Anglais lors de la bataille de Megiddo. Les généraux allemands, conscients de la défaite de l’Allemagne à terme, ne songent plus qu’à hâter la conclusion de l’armistice.
Les Autrichiens, menacés d'encerclement, reculent sur toute la ligne du front. Le 3 novembre, les Italiens prennent les villes de Trente et de Trieste. En Allemagne, l'empereur Guillaume II refuse d’abdiquer, ce qui entraîne des manifestations en faveur de la paix. Le 3 novembre, des mutineries éclatent à Kiel : les marins refusent de livrer une bataille « pour l’honneur ». La vague révolutionnaire gagne toute l’Allemagne. Le 9 novembre, Guillaume II est contraint d’abdiquer. L'état-major demande que soit signé l'armistice. Le gouvernement de la nouvelle République allemande le signe alors dans la forêt de Compiègne à côté de Rethondes le 11 novembre 1918 dans le train du maréchal Foch alors que les troupes canadiennes lancent la dernière offensive de la guerre en attaquant Mons, en Belgique.

Conclusion

Les dirigeants bolcheviques ne sont pas parvenus à transformer la guerre déclenchée en 1914 en une révolution mondiale. La guerre extérieure dont ils ont retiré la Russie au début de 1918, s'est prolongée par une guerre civile meurtrière qui n'a pris fin qu'en 1920. Le nouvel Etat soviétique né de la Révolution d'octobre 1917 est finalement sorti victorieux de cette guerre civile, mais il héritait d'une situation catastrophique dans tous les domaines et d'un territoire très largement amputé par rapport à ce qu'avait été l'Empire tsariste auquel il se substituait désormais.
Epuisé, à bout de forces, il était contraint de signer en 1921 avec la Pologne reconstituée, le traité de paix de Riga qui repoussait de 150 kilomètres à l'Est au profit de la Pologne, la frontière russo-polonaise établie en 1918 sous le nom de ligne Curzon. Par ce traité, il concédait à la Pologne des territoires peuplés de Biélorusses et d'Ukrainiens que Staline s'empressera de récupérer en septembre 1939 conformément aux clauses secrètes du pacte germano-soviétique.


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