LES
ROYAUMES MOSSI (Origine, structure socio-politique et économique)
Introduction
Les Mossi forment une population de la
boucle du Niger qui perle une langue nigéro-congolaise du groupe de l’Afrique
de l’Ouest. Vivant traditionnellement de l’agriculture et de l’élevage, ils ont
historiquement joué aussi un important rôle commercial, en voyageant et en
colportant à travers tous les pays de la boucle du Niger leurs produits. Bandes
de coton tissés dans le pays, cuivre travaillé, noix de cola, et… A partir du
XIIIe siècle, les Mossi ont constitué deux Etats, ou plutôt deux fédérations
d’Etats, dans la partie centrale de la boucle du Niger, là où la densité de la
population semble avoir toujours été considérable et où elle dépasse, de nos
jours, celle de toutes les autres régions du Soudan. Le premier de ses
royaumes, dont le souverain résidait à Ouagadougou et dont les territoires s’inscrivaient
en gros dans les frontières de l’actuel Burkina Faso, fut fondé vers 1220 par
un aventurier nommé Oubri ; l’autre, qui eut successivement plusieurs
capitales, dont, en dernier lieu, Ouahigouya (Ouadiougué), ne fut constitué
définitivement que vers 1170 ( ?) par un nommé Ya, en souvenir de qui il
fut appelé Yatenga (terre de Ya).
I.
Origine et évolution
des royaumes Mossi
1)
Origine des royaumes Mossi
L’arrivée des Mossi dans la région est
évoquée dans la tradition orale faisant de Ouedraogo l’ancêtre fondateur et
visant à établir la légitimité des nouveaux venus. Elle évoque la rencontre
dans la forêt entre Yennega princesse du royaume Dagomba, fille d’un roi dont
les ancêtres remontaient à l’empire du Mali et aux Gourmantché (Est du
Burkina), qui après s’être dirigée vers les contrées situées au Nord, dans la
vallée de la Nakambé (Volta blanche), où elle se serait alliée à un célèbre
chasseur d’éléphant autochtone nommé Riaale. De cette union serait né l’ancêtre
de tous les Moose de patronyme Ouedréogo, le fondateur de Tenkodogo, premier
royaume Mossi.
Cette légende destinée à justifier
l’insertion des nouveaux venus montre la séparation des pouvoirs traditionnels
entre les chefs de caton, représentant des pouvoirs politiques et militaires
(empire du Mali), et qui sont toujours des Mossi, et les « chefs de
terre » détenteurs des droits sur le sol en raison de leurs liens avec les
génies de la nature (le forêt), par extension les population d’origine.
2)
Evolution des royaumes Mossi
Le territoire du Burkina Faso actuel a
été parcouru par de nombreuses migrations. A partir du XIe siècle, les premiers
royaumes Mossi se sont constitués : le Gourma, le Mamprousi, le Dagomba,
le Yatenga et le royaume de Ouagadougou. Ce dernier devint rapidement le plus
influent. Il était dirigé par le Mogho Naaba, à la fois roi et magicien. Aux
XIIIe et aux XIVe siècles, ces royaumes s’opposèrent aux grands empires de la
boucle du Niger (Mali et Songhay) dont ils n’hésitaient pas à attaquer et
razzier les marges, quand ils ne s’enfonçaient pas plus profondément. La
puissance de leurs armées permit aux royaumes Mossi de préserver l’essentiel de
leur indépendance. Mais, à la fin du XVe siècle, l’Empire Songhay établit sa
suprématie sur la boucle du Niger, mettant fin aux chevauchées des Mossis.
Jaloux de leur pouvoir, les rois Mossi
s’opposèrent toujours à une unification du pays Mossi. Mais ces royaumes
présentaient une remarquable cohésion sociale et religieuse et une stabilité
politique exceptionnelle : ils se maintinrent jusqu’à la conquête
française, à la fin du XIX siècle.
Les Mossi participèrent peu au commerce
transsaharien : les grands flux d’échanges contournaient la région. Aussi
l’Islam ne s’implanta-t-il pas. Les Mossis furent donc beaucoup moins touchés
que leurs voisins par la traite des esclaves. A la veille de la colonisation
française, le centre du territoire était contrôlé par la confédération des
royaumes Mossis regroupant trois ensembles politiques, le Yatenga, le Wogodogo
et le Tenkodogo. A l’Est avait été édifié le royaume de Gurma, à l’Ouest,
dominé par les souverains dioulas de Kong au XVIIIe siècle, était disputé entre
plusieurs royaumes.
II.
Structure des
royaumes Mossi
1)
Organisation social
L’organisation sociale des Moose a pour
fondement le Buudu : on désigne par ce terme tout groupe de descendance
patrilinéaire dès lors qu’il ne se réduit pas à une seule unité locale et, plus
communément, le patrilignage exogame, qui intervient comme unité familiale
étendu dans la négociation des alliences. Le buudu du système matrimonial est
subdivisé en un nombre généralement peu élevé d’unités locales appelées Saka
(quartier) ; à son tour, le Saka est subdivisé en famille étendues ou
Yiiri.
Il faut noter enfin que de distinctions
divisaient la noblesse des Moose en plusieur classes. En tête venaient les
« dimbissi » (sg : dimbiga), descendants d’un Moro Naaba, ayant
droit au coussin lorqu’ils recevaient un commandement effectif. Les
« nabissi » (sg : nabiga) étaient des fils de chef, ayant
vocation héréditaire pour prendre un commandement. Enfin, les simples membres
des familles aristocratiques étaient les « nakomsé ». Les mêmes
distinctions s’appliquaient aux femmes nobles (« dim-poghsé »,
« na-pagha, nakom-poghsé »). Les « nabissi » avaient le
droit de se placer sous le « zandé » (hangar des misiciens) lors de
la cérémonie du matin, alors que les autres « nakomsé » venus rendre
visite au Moro Naaba, se plaçaient derrière les Ministres de l’extérieur.
2)
Organisation politique
Au plan politique et administratif,
l’empire Mossi est divisé en royaumes dirigés par les Naaba, le royaume est
divisé en provinces dirigées par des Kombéré. La province est divisée en
cantons qui se divisent en villages dirigés par des Teng-Naaba, le village est
constitué de quartiers gérés par des Sak-kasma. A la tête du Mogho (l’empire
Mossi) se trouve le Mogho Naaba (l’empereur du Mogho). C’est le chef suprême,
il est vénéré comme un Dieu. Il est choisi par le grand collège électoral parmi
les descendants d’Oubri. Ses pouvoirs, les gestes de sa vie sont réglés par une
tradition respectée de tous ; ce qui fait que le Mogho Naaba règne mais la
coutume gouverne. A sa mort, c’est en principe son permier fils (le Nabikeega =
fils aîné du na) qui lui cuccède s’il le mérite. Autour du Mogho Naaba il y a
16 Ministres chargés de l’exécution des décisions arrêtées. Ils sont souvent
d’origine modeste voire captive. Le Naaba les choisis parce qu’ils ont
seulement pour ambition de servir et pour éviter des velléités. Ils vivent à la
cour. Les plus importants sont le Baloum Naaba, maître des services du palais
(Ministre de l’intérieur), le Ouidi Naaba maître de l’infanterie, de la
cavalerie, le Poé Naaba ou grand confesseur (une sorte de grand inquisiteur),
le Larlé Naaba considéré comme l’expert des coutumes, le Kamsaogho-Naaba,
eunuque chargé du harem et de l’exécution des hautes œuvres.
3)
Organisation économique
Les Moose sont des agriculteurs de mil,
principale production vivrière et base de l’alimentation quotidienne, les
autres plantes cultivées à usage alimentaire étant le maïs, le haricot, le
poids de terre et l’arachide. Parmi les produits de cueillette, le plus
important est la noix de karité, principalement source de matière grasse. Les
Moose cultivent le coton. Le tissage et la l’indigo étaient des activités
complémentaires ou commerce à longue distance, les yarsés.
§ Commerçant musulman d’origine Sarakole (Mali)
§ Utilisant les bandes de tissu de coton comme fret de
caravane.
Le Moogo comptait peu de gros marchés,
mais certaines places, comme Pwintenga, près du Kuupela (Koupèla) dans le
Sud-Est du pays, avaient une importance internationale. Le Yatenga produisait
du fer ; les forgerons locaux le transformaient en instruments aratoires
et en armes dont une partie était exporté vers le Moogo central, pauvre en
minéral. On élevait dans le Moogo septentrional une race de chevaux de qualité.
Conclusion
Si les Mooses sont restés longtemps réfractaires à la religion
musulmane, longtemps représentée dans les cours royales et les grandes
chefferies par la catégorie des commerçants Yarsé (terme équivalent pour
désigner les commerçants Dyulas du Mali et de la Côte d’Ivoire), ils se sont
massivement convertis à l’islam durant la période coloniale française. Durant
cette même période coloniale, les Mooses ont fourni une main d’œuvre importante
aux grands travaux d’aménagement routiers et au développement des plantations
au Mali, en Côte d’Ivoire et au Ghana.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Veuillez laisser un commentaire